demon in disguise.

Charlie aimait vraiment la vie en communauté. Rien d'étonnant, elle avait toujours été une fille sociable, à parler avec tout le monde de tout et n'importe quoi. Bien sûr, elle ne faisait pas toujours que parler, mais ça, c'est une autre histoire. Du coup, pour elle, vivre en colocation dans une résidence où celle-ci était quasiment obligatoire, c'était le paradis. Il y avait toujours quelqu'un à croiser dans un couloir, ou une engueulade à écouter. Mais parfois, comme aujourd'hui, il y avait la réconciliation sur l'oreiller à écouter. Ou plutôt, à subir. Et ça, ce n'était pas franchement son moment favori. Ses voisins avaient décidé qu'après s'être battus pour une histoire de chaussettes laissées dans le lave linge, il était temps de s'excuser en s'envoyant en l'air de manière pas si discrète que ça. Mais c'est vrai, on aurait pu croire qu'une guenon et une tortue étaient en train de se reproduire, vu les bruits qu'ils faisaient. C'est pourquoi Charlie avait décidé d'enfiler la première paire de converse qui lui passait sous la main et de fuir loin de tout ce raffut le plus vite possible. Les clés dans sa poche, elle claqua la porte de l'appartement désert derrière elle et se rua vers l'ascenseur, harcelant le bouton comme si cela le ferait réagir plus vite. Une chance pour elle, il était à l'étage du dessous. Elle s'engouffra à l'intérieur, laissant s'échapper un soupir de soulagement lorsqu'il entama sa descente. Libérée de ces affreux couinements. Elle s'en serait encore plus éloignée si elle n'avait pas croisé une charmante personne en arrivant au rez-de-chaussée.
Ezeckiel attendait l'ascenseur. Le même Ezeckiel que celui avec lequel elle avait passé une soirée (si vous voyez ce que je veux dire) il y a quelques temps déjà. L'alcool aidant, elle ne se souvenait plus tellement de cette soirée, elle savait juste que la fin avait été très appréciable. Lorsqu'elle le vit se mordre la lèvre, elle comprit rapidement qu'il n'était pas à l'aise, alors qu'elle arborait un sourire des plus avenants. La question qui s'imposait à son esprit était de savoir quelle en était la raison. Avait-il honte ? Pas l'habitude de passer ce genre de soirée ? Ou ne pensait-il tout simplement la recroiser un jour ? La blonde aurait plutôt eu tendance à parier sur la seconde option. « Euh ... Salut Charlie. » Il lui semblait désormais évident qu'Ezeckiel faisait partie de ces trop rares hommes à avoir des valeurs et à ne pas coucher avec la première venue pour disparaitre avant l'aube. Les lèvres de la jeune femme s'étirant un peu plus, elle fit un pas en avant. « Tiens, Ezeckiel ! Salut. Comment tu vas depuis la dernière fois ? Tu es sûr que ça va ? Tu as l'air tendu. » Bien joué Charlie, c'est vrai qu'il y a de quoi se détendre avec tes remarques idiotes. Elle se dit vraiment que parfois, elle ferait vraiment mieux de réfléchir avant d'ouvrir la bouche.